Dans les profondeurs du Darfour
Les Nations Unies décrivent la tragédie qui frappe le Darfour comme l’une des plus grandes crises humanitaires actuelles. Le Secrétaire général, Kofi Annan, l’appelle « l’enfer sur terre ».
Muzdaleta berce doucement ses jumeaux de quatre mois en leur chantant une chanson. Ils vivent à Murnei, un camp de personnes déplacées du Darfour Ouest, pratiquement depuis leur naissance. Les bébés sont très mal nourris et souffrent d’infections respiratoires, et Muzdaleta a deux blessures de balles dans son bras et son épaule.
« La milice a attaqué notre village très tôt le matin », se souvient-elle. Elle vivait, avec ses deux nourrissons, chez ses parents et son frère cadet. Son mari était mort de la malaria à peine deux mois auparavant.
« Je dormais encore lorsque j’ai entendu une fusillade », continue-t-elle. « Je suis sortie en courant pour voir ce qui se passait et j’ai vu mon frère se faire abattre et tomber par terre. Je suis vite rentrée dans notre hutte et une balle a dû traverser les murs parce que ma mère était déjà morte, gisant au sol. Je ne savais pas du tout où était mon père ; il avait dû sortir pour aller me chercher. »
Pendant la rafale de tirs, Muzdaleta a été touchée à deux reprises. Non seulement elle saignait de ses blessures, mais en plus ses deux jumeaux venaient de naître trois jours auparavant, et elle se remettait donc de son accouchement. Pourtant Muzdaleta savait qu’elle devait agir rapidement. « J’ai seulement eu le temps de mettre mes bébés dans un grand plateau en paille et de vite sortir de la hutte. Je n’avais pas le temps de chercher mon père », poursuit-elle. « J’ai fui de mon village avec le plateau dans mes bras. Il y avait beaucoup d’autres personnes qui criaient et couraient dans tous les sens. Nos huttes, nos réserves de nourriture et le village tout entier ont été brûlés derrière nous. »
Alors que Muzdaleta fuyait de chez elle, elle fut attaquée par des femmes appartenant à une milice, qui lui donnèrent des coups de pied et la frappèrent avec des bâtons jusqu’à ce qu’elle fût éloignée du village. Elle marcha pendant une semaine dans la brousse avec ses deux bébés dans les bras, fouillant où elle le pouvait pour chercher de la nourriture et vivant principalement de graines d’herbes, de baies sauvages et de feuilles. Finalement, elle est arrivée au camp de Murnei, tous ses biens se limitant aux vêtements qu’elle portait et au plateau dans lequel elle portait ses deux fils.
« Je ne sais pas ce qui est arrivé à mon père, où il se trouve en ce moment, ou s’il est encore en vie », dit-elle en larmes. « Je n’ai pas d’argent, pas de famille pour me soutenir, et aucun moyen de gagner de l’argent. » Tout comme les dizaines de milliers de Darfouris déplacés qui sont arrivés à Murnei, Muzdaleta dépend à présent des travailleurs et organisations humanitaires pour la nourriture et les autres nécessités.
Attaqués et brutalisés
Aussi tragique que puisse être l’expérience de Muzdaleta, la terrible vérité est que son histoire n’est pas la seule en son genre. Selon des estimations effectuées par les Nations Unies, il y aurait 2,4 millions de « personnes déplacées à l’intérieur de leurs pays » (PDI) au Darfour, la région la plus à l’ouest du Soudan. La majorité d’entre eux vivent dans l’un des 150 camps pour PDI dans la province, mais certains d’entre eux se cachent dans des zones rurales éloignées des villages ou sont allés dans des familles d’accueil vivant dans les zones urbaines.
La plupart des PDI, voire tous les PDI, ont connu des horreurs similaires à celle de Muzdaleta. Ils ont perdu leurs maisons et leur gagne-pain, ont assisté à la tuerie sauvage des membres de leurs familles, et ont été chassés de leurs villages, villages qui ont ensuite été saccagés et détruits par les milices.
« La destruction civile, particulièrement dans les villages, a été énorme », déclare Eric Reeves, professeur au Smith College de Northampton, Massachusetts, et chercheur et analyste spécialisé sur le Soudan. Ses contacts au Darfour estiment que 90 % des villages de la région ont été réduits en cendres. Avant l’apparition des milices, ces villages étaient des communautés agricoles. Dans de nombreux villages, les miliciens ont rempli les puits de cadavres d’hommes et d’animaux afin de polluer la nappe phréatique, rendant la région quasi inhabitable.
« Ces gens sont tous des fermiers ou des bergers », déclare Reeves en parlant des villageois déplacés. « À présent, ils n’ont plus aucun moyen de gagner leur vie. Non seulement ils ont été forcés de quitter leurs terres, mais en plus leurs réserves de semence, leurs outils et leurs troupeaux ont tous été pillés ou détruits. »
La plupart des attaques ont eu lieu en pleine nuit ou très tôt le matin. En général, les miliciens arrivaient sur des chameaux ou des chevaux, encerclaient le village et commençaient à tirer. Parfois, il y avait des attaques aériennes simultanées, d’avions ou d’hélicoptères, ou des attaques au sol avec des véhicules et des tanks.
Reeves estime que le nombre total de villageois qui sont morts au Darfour s’élève à environ 400 000. La plupart d’entre eux, tués lors de ces attaques, étaient des hommes et des jeunes hommes. D’innombrables femmes ont été violées et beaucoup de jeunes enfants enlevés. « Ceux qui ont pu fuir sont partis sans aucun bien, sans nourriture ni eau », affirme Reeves. « Les milices ont coupé l’accès aux sources d’eau et ont fait des trous dans les jerricans des gens afin de les empêcher d’amener de l’eau avec eux. Avec le climat désertique chaud, nombreux sont ceux qui sont morts pendant leur fuite, spécialement les plus vulnérables comme les personnes âgées et les enfants. »
La plupart du temps, les familles ont été séparées pendant tous ces troubles. Gordon Weiss, porte-parole de l’UNICEF, a passé le mois de novembre 2004 à parcourir les camps de PDI du Darfour. Il a parlé à de très nombreuses personnes qui avaient perdu tout contact avec leurs proches pendant les attaques et qui, un an après, voire plus, ne les avaient pas encore localisés. Il explique comment ça se passe généralement : « La famille est tirée de son sommeil par les bruits de tirs. Le père sort en courant et voit la maison de sa sœur qui est attaquée, et il s’y précipite. Le fils aîné sort pour essayer de rassembler le troupeau. La mère et les plus jeunes enfants s’échappent dans les buissons. Les tirs continuent, des flammes s’élèvent un peu partout et tout le monde dans le village commence à partir dans toutes les directions. Le fils aîné et le père retrouvent peut-être la mère, ou peut-être pas. Le père et le fils sont très probablement morts. »
Les attaques contre les villages ont débuté en février 2003 après que deux groupes de rebelles du Darfour, le Mouvement pour la justice et l’égalité (MEJ) et l’Armée de libération du Soudan (ALS), se soient insurgés contre le gouvernement soudanais. Les rebelles, des Noirs africains, ont accusé le gouvernement dominé par des Arabes d’opprimer les Noirs en faveurs des Arabes. La réponse du gouvernement fut d’organiser une milice armée et arabe, les djanjaouids, qui allait mener une campagne de violence et déplacer de force la population civile locale au Darfour (supposée, d’après le gouvernement, soutenir les insurgés).
« Les milices djanjaouids, avec les forces armées du gouvernement soudanais, forcent les populations à quitter leurs villages depuis plus de deux ans », commentait Reeves en 2005. « Leur but est de s’assurer que ces populations ne reviendront plus jamais. »
Dures réalités
En plus des DPI, 200 000 autres Darfouris se sont réfugiés au Tchad. Si les Darfouris déracinés arrivent à atteindre le camp situé au Tchad ou un camp pour PDI au Darfour, la vie n’en est pas pour autant des plus simples. « Même en mettant de côté les problèmes de guerre et de génocide, cette région est l’un des endroits les plus hostiles de la planète », observe Gerald Martone, directeur des mesures d’urgence à l’International Rescue Committee (IRC).
La majorité des PDI et des camps de réfugiés sont situés dans le désert du Sahara ou en bordure du désert. La zone subit des températures torrides, des pluies torrentielles pendant les mois d’été, et des vents violents toute l’année. « Le vent arrache beaucoup de tentes dans lesquelles les gens vivent, y compris les grandes tentes que nous avons montées pour en faire des cliniques et des réfectoires », affirme Martone.
Mais la plupart des gens, spécialement dans les camps de PDI, n’ont même pas de véritables tentes. Ils arrivent à s’en sortir avec des abris fabriqués à la main, faits de morceaux de toiles d’emballage, de sacs en plastique et de bâches goudronnées accrochés aux branches. « Parfois ils doivent marcher pendant sept ou huit heures pour trouver assez de petites branches pour construire des abris », affirme Mamie Mutchler, avocat des droits de l’homme pour Refugees International. « Les bâches goudronnées ont été fournies par des groupes humanitaires internationaux. Elles sont plus robustes que les toiles d’emballage ou les sacs en plastique, mais malheureusement il n’y en a pas assez pour tout le monde. »
En moyenne, entre 10 000 et 20 000 personnes vivent dans les camps de réfugiés et de PDI, mais certains camps de PDI comptent jusqu’à 100 000 personnes. Tous les camps sont bondés et contiennent autant de tentes que possible sur des zones relativement petites. Lorsque les travailleurs humanitaires viennent apporter de la nourriture, des médicaments et des fournitures comme des couvertures, du savon, des seaux, des mats et des poteaux pour les tentes, il n’y en a jamais assez pour couvrir tous les besoins.
Chaque jour, ces personnes vivant dans les camps doivent marcher de longues heures pour ramasser du bois (qu’ils utilisent pour faire à manger ou se chauffer le soir, lorsqu’il fait froid), et attendent dans des queues interminables pour remplir leurs carafes d’eau à la pompe du camp. À part ça, il n’y a pas grand-chose à faire dans le camp.
« La vie au camp est très morne et triste », explique Martone. « C’est particulièrement dur pour les enfants qui ont besoin de stimulation et de structure pour pouvoir se développer correctement. » Il estime que 60 à 70 % des personnes vivant dans les camps sont des enfants âgés de moins de 18 ans. Des agences de secours sont venues installer des classes de fortune dans certains camps, mais même dans ces endroits, il n’y a pas assez de place pour tous les enfants.
Peur de leurs protecteurs
Les habitants des camps de PDI ont des soucis supplémentaires concernant la sécurité, les vivres limités et le contrôle des maladies. « Les PDI sont entourés de la police soudanaise et des djanjaouids, qui attaquent régulièrement les gens qui sortent des camps », affirme Mutchler. Les femmes et les filles qui sortent des limites du camp pour chercher de la nourriture ou du bois courent le risque d’être enlevées, tuées par balle ou violées. Ses sources, qui sont sur les sites au Darfour, estiment que trois à cinq filles (habituellement âgées de 12 à 15 ans) habitant dans les camps sont violées chaque jour.
« Les gens ont peur de sortir des camps », poursuit-elle. « C’est vraiment un paradoxe : la police est là pour les protéger, mais ce sont les policiers qui les ont tout d’abord chassés de leurs maisons, et ce sont à présent les mêmes policiers qui les font vivre dans la peur. »
« C’est vraiment un paradoxe : la police est là pour les protéger, mais ce sont les policiers qui les ont tout d’abord chassés de leurs maisons. »
« Les Darfouris sont excellents pour trouver à manger », note Reeves. Si les circonstances étaient différentes, ils sortiraient du camp pour chercher des racines, des tubercules, des grains et toute autre végétation comestible. Cependant, « à cause de l’insécurité créée par les djanjaouids, ils meurent lentement de faim », dit-il.
D’autre part, il est de plus en plus difficile au Programme alimentaire mondial (PAM) et aux agences de secours privées de livrer de la nourriture aux différents camps de PDI. « La sécurité s’est tellement détériorée ces derniers mois que les agences de secours ne sont plus en mesure d’atteindre les populations déplacées au sein de Darfour », explique Martone. Des groupes de bandits armés ont tendu des embuscades à des convois humanitaires. Les forces rebelles tout comme les milices ont construit des barrages routiers dans certaines zones du Darfour, ce qui fait qu’il est à présent impossible de se rendre dans certains lieux.
« Les zones qui sont sous le contrôle des rebelles sont les plus difficiles à atteindre », déclare Francis Deng. Ressortissant soudanais, M. Deng a été représentant du Secrétaire général de l’ONU sur les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays de 1992 à 2004, et il est actuellement directeur de recherche en politique internationale, droit et société à l’université Johns Hopkins. Il a également été ambassadeur du Soudan au Canada, dans les pays scandinaves et aux États-Unis, et ministre des Affaires étrangères du Soudan dans les années 70. « Du point de vue du gouvernement soudanais, explique-t-il, le fait qu’il y ait des organisations humanitaires qui entrent dans le pays et qui fournissent de la nourriture et de l’aide aux populations civiles proches des rebelles, peut signifier que ces organisations soutiennent les rebelles. » C’est la raison pour laquelle le gouvernement peut interdire que des organisations humanitaires se rendent dans certaines régions du Darfour, dit-il.
Chose ironique, les rebelles eux-mêmes rendent parfois difficile l’acheminement de l’aide apportée aux camps de PDI par les travailleurs humanitaires. « Les rebelles veulent garder le contrôle de leur territoire », fait remarquer Mutchler. « Ils ont tendance à considérer les agences de secours comme des espions du gouvernement, c’est pourquoi ils leur bloquent parfois l’accès. »
Les chiffres de l’ONU affirment que le PAM n’a pu atteindre que 40 % des PDI qu’il souhaitait atteindre en novembre 2004. Ceux qui ont été atteints n’ont pas toujours reçu assez de nourriture pour survivre, où ils n’ont reçu que du blé cru. Il n’est donc pas surprenant de constater que la malnutrition est un problème majeur dans les camps de PDI. Selon des estimations de l’ONU publiées en mars 2005, 10 000 Darfouris meurent chaque mois de faim et de maladie.
La plupart des camps souffrent de graves problèmes sanitaires à cause du manque de toilettes et d’endroits pour se laver. « Très peu de camps de PDI sont équipés de latrines ou de sanitaires. Les gens font leurs besoins où ils peuvent et cela crée de sérieux problèmes de contamination de l’eau », affirme Galen Carey, directeur de plaidoyer et de stratégie pour World Relief, Baltimore, Maryland.
Si vous ajoutez à ceci le fait que les gens vivent pratiquement les uns sur les autres, qu’ils sont stressés, qu’ils ne mangent pas à leur faim, alors la probabilité que des maladies contagieuses éclatent sont très élevées. « Il y a déjà eu des cas de choléra, d’hépatite, d’infections respiratoires, de dysenterie, de diarrhée et de malaria dans la plupart des camps », rapporte Reeves, analyste au Smith College. « Toutes ces choses peuvent devenir des problèmes explosifs à n’importe quelle seconde. » Pendant ce temps, le nombre de PDI au Darfour et le nombre de Darfouris partant vers le Tchad ne cessent d’augmenter, dit-il, ce qui crée une situation de plus en plus désespérante.
À la recherche de solutions
Que faire pour aider les Darfouris ? Au début du conflit, « nombreux étaient ceux qui pensaient qu’un accord de paix serait élaboré qui donnerait plus d’autonomie au Darfour et contribuerait à faire cesser les combats. Mais à présent, la grande majorité des Darfouris n’y croient plus », observe Martone.
D’autre part, il est peu probable que, dans un futur proche, les conditions de vie s’améliorent dans les camps de PDI. Le problème central, c’est ce qui peut être fait légalement pour les PDI. « Le gouvernement d’une nation a la responsabilité principale de protéger et assister ses citoyens », dit Roberta Cohen, membre de la Brookings Institution et co-directrice du Brookings-Bern Project on Internal Displacement. « Mais si un gouvernement n’est pas capable ou pas désireux d’agir ainsi, dans quelle mesure la communauté internationale a-t-elle le droit d’entrer dans un pays ? C’est ce qui est débattu à l’heure actuelle. »
Le problème est relativement récent pour la communauté internationale. Avant les années 90, il y avait très peu de PDI dans le monde. « À partir de 1990 environ, il y a eu beaucoup de guerres civiles et c’était de plus en plus évident qu’elles créaient deux fois plus de PDI que de réfugiés », dit Cohen. À la demande de l’ONU, Francis Deng, en collaboration avec une équipe d’experts juridiques internationaux, a développé une structure juridique appelée « Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays ». Deng explique : « Ces principes sont basés sur les lois relatives aux droits de l’homme, le droit humanitaire et le droit des réfugiés. Ils ne sont pas exécutoires mais ils sont basés sur des principes contraignants, et donc ils sont largement appliqués. Les Principes directeurs soulignent que les gouvernements ont la responsabilité principale de leurs populations déplacées. Mais s’ils ne s’acquittent pas de leurs responsabilités, la communauté internationale a le droit de s’impliquer. « L’implication internationale peut s’étendre du dialogue diplomatique et de la négociation des accès servant à acheminer de la nourriture et des équipements, à la pression politique et aux sanctions économiques », explique Deng.
L’un des défis auxquels faisait face Deng fut de proposer un système pour les PDI qui soit similaire à celui pour les réfugiés. Une suggestion fut faite, et elle consistait à créer une agence spéciale pour aider les PDI à traiter leurs problèmes, tout comme les réfugiés ont l’UNHCR (le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) pour les protéger. Une autre possibilité était d’élargir le mandat de l’UNHCR pour y inclure les PDI. En fin de compte, les Nations Unies se sont mises d’accord sur une approche collaborative. Dans ce système, toutes les agences internationales présentes sur le terrain doivent travailler ensemble sous le coordinateur de l’aide d’urgence de l’ONU. « C’est encore en phase de développement et cela ne fonctionne pas aussi efficacement et complètement que cela devrait, admet Deng, mais c’est un pas dans la bonne direction. »
Pendant ce temps, le monde attend pour voir ce qui va se passer au Darfour. « Ce qui se passe, c’est une tragédie humaine de grande envergure », souligne Carey, de World Relief.
Mais il n’y a pas que les vies de millions de Darfouris : ce qui se passe au Darfour a des effets néfastes sur les pays voisins. Ce genre de conflit ne se limite jamais aux frontières d’un seul pays. « Les gens pris dans les guerres civiles, privés des choses essentielles à la vie, perturbent non seulement leur propre pays mais nuisent également à la sécurité régionale et internationale », dit Walter Kälin, qui a succédé à Deng aux Nations Unies en octobre 2004. Le conflit qui est né au Soudan s’est propagé vers la République démocratique du Congo, l’Ouganda, le Kenya, l’Éthiopie et l’Erythrée. « Les pays qui succombent à la guerre civile et aux déplacements internes peuvent également devenir le terrain propice au terrorisme qui, bien évidemment, peut avoir des répercussions sur le monde entier », ajoute Kälin.
Souhaits et espoirs
Muzdaleta, mère de deux petits jumeaux, affirme que son plus grand souhait est que la paix revienne afin qu’elle puisse, avec ses deux enfants, revenir à son village. « J’ai toujours habité là-bas, comme mon père et mon grand-père. Nous élevions des chèvres et des ânes et avions un lopin de terre où nous cultivions du sorgho et des haricots. Nous ne possédions pas grand-chose comparé aux standards occidentaux, mais c’était un endroit paisible », dit-elle. « J’espère que mes fils pourront avoir la même chose. »
Ce qui se passe au Darfour est un problème dont le monde entier devrait se préoccuper – pour l’intérêt de la stabilité internationale, et pour les millions de Darfouris, comme Muzdaleta et ses jeunes fils, dont l’avenir est sans aucun doute menacé.