Le pardon selon un ancien enfant soldat
« Les gens pensent que pardonner, c’est tout oublier. À mon avis, ce n’est pas ça le pardon. Pardonner, c’est être prêt à mettre un terme à la reprise de la violence elle-même. C’est se dire qu’aussi difficile que ça puisse être, je vais arrêter de considérer mon prochain comme un éternel voleur ou un éternel assassin. Une fois que vous y arrivez, vous allez vivre en paix – en paix avec vous-même et avec votre prochain. Si vous considérez votre prochain comme un éternel voleur ou un éternel assassin, vous ne pourrez jamais vivre en paix à côté de lui. Et en fait ça va vous pousser à vous venger auprès de lui, ce qui ne fera qu’aggraver le problème.
Donc je pense que pardonner est en fait une manière de mieux se comprendre les uns les autres, et c’est essayer de résoudre un problème plutôt que de vivre parmi les gens avec une peur atroce. Bien sûr, ce n’est pas facile. C’est même très difficile […] Mais il ne s’agit pas d’oublier. Je pense que rester conscients d’un problème nous met dans une position où nous pouvons éviter qu’il n’ait lieu de nouveau, dans une position où nous pouvons cerner les choses avant qu’elles n’éclatent. Ça ne veut pas dire qu’il faille en être obsédé, mais il faut les garder à l’esprit comme quelque chose qui vous rappelle constamment à quel point la vie est fragile, ce qui devient très évident lorsque vous vous trouvez dans une situation de conflit. La vie est très fragile. Vous ne maîtrisez pas la situation autant que vous le pensez. »