Pas une première
Apparemment, ce n’est pas en 1947 que les manuscrits de la mer Morte ont été dérangés pour la première fois depuis le premier siècle. Bien qu’on en attribue la découverte à un berger bédouin en 1947, il semble que des rabbins du début du troisième siècle aient eu connaissance d’une cachette de rouleaux non loin de Jéricho.
Cette information permit au père de l’Église catholique du troisième siècle, Origène, de localiser près de Jéricho un manuscrit des Psaumes en langue grecque, dans des circonstances similaires à celles de la découverte faite au vingtième siècle. Les érudits ont débattu avec passion pour savoir si Origène avait eu accès aux rouleaux que nous connaissons aujourd’hui sous la dénomination de manuscrits de la mer Morte, ou à une autre cache de documents.
Cinq cents ans après Origène, un Juif karaïte, Daniel al-Qumusi, découvrit des rouleaux dans la même région et les porta à Jérusalem. Les karaïtes étaient une secte qui s’appuyait sur les Écritures et ses enseignements pour inspirer leur mode de vie et leurs actes, plutôt que sur le Talmud comme le faisait le judaïsme rabbinique. (Les karaïtes furent souvent considérés comme des descendants des sadducéens, tandis que le judaïsme rabbinique attribue ses origines à la tradition pharisaïque.) Les rabbins de Jérusalem ne montrèrent aucun intérêt pour les rouleaux d’al-Qumusi. C’est pourquoi toute information sur leur origine et leur teneur disparut de Jérusalem avec la communauté karaïte. Selon certains érudits, la découverte d’al-Qumusi permit de découvrir un document singulièrement sectaire, connu aujourd’hui sous le nom de « Document de Damas », à Qumrân ainsi qu’à la Genizah du Caire appartenant à une synagogue karaïte, dès la fin du dix-neuvième siècle.