Au-delà de soi
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». La mise en pratique de ce principe serait la solution à tant de discrimination, de haine et de colère dans notre monde. Cette vérité universelle est universellement sous-utilisée. Pourtant, pour qu’elle puisse agir pour tous, il faut d’abord se connaître soi-même et se demander si on arrive à s’aimer tel que l’on est.
Parvenir à une juste évaluation de soi requiert une introspection honnête qui amène au changement, en vue d’une perspective positive sur soi. Il faut aussi comprendre le lien qui existe entre l’individualité et la communauté, car un ne peut pas vivre sainement sans l’autre.
Par nature, chacun est d’abord focalisé sur lui-même. Notre impérieux besoin d’auto-préservation nous impose de protéger tout ce qui nous constitue chacun en tant qu’être unique. Pourtant, il n’est pas possible de parvenir à l’auto-préservation sans se ressourcer hors de soi. Nous ne sommes pas totalement indépendants. Même le naufragé, seul sur une île déserte, ne pourrait survivre sans eau et sans alimentation lui venant de l’extérieur.
Certes, on pourrait considérer que ces personnes dépendent de la nature pour subvenir à leurs besoins. C’est vrai, et pendant un temps, elles survivront. Mais ce qui manquera toujours, au-delà du minimum, c’est le lien social avec autrui. Nous ne sommes pas simplement des êtres individuels. Nous attachons de la valeur à notre individualité, mais un isolement total finirait par nous tuer. La solitude fait partie des malédictions de notre époque et si on n’y remédie pas, elle conduit à une mort lente.
Toutefois, il y a une raison supérieure et toute simple d’aimer son prochain comme soi-même. La voici : en tant qu’êtres individuels qui avons tous en commun notre humanité et les ressources de la planète, nous avons le devoir de nous soucier les uns des autres, physiquement, émotionnellement et socialement. Prenons soins des autres, ils prendront soin de nous, à condition bien sûr que nous partagions le même engagement envers ce devoir du souci de l’autre.
Il existe un autre principe qui s’apparente au premier : « Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. » S’il était mis en pratique, les migrants seraient-ils détenus dans des cages ? Refuserait-on l’égalité aux noirs et aux bruns, aux indigènes et aux minorités, aux blancs défavorisés et aux sans-abris, quelle que soit leur couleur de peau ? L’inégalité, les préjudices et la haine seraient-ils à l’ordre du jour pour la majeure partie de l’humanité ? Que pourrait-on accomplir de grand par une simple application de cette règle élémentaire ?
Il y a aussi un degré de soin du prochain qui dépasse l’amour de soi. C’est ce qu’on appelle parfois le principe d’abnégation ; il ne s’agit pas de châtier son corps en ascète replié sur lui mais de mettre de côté ses besoins personnels par souci d’ouverture aux autres pour leur venir en aide. Comme pour les autres directives mentionnées précédemment, ce principe prend sa source dans la loi de Dieu, exemplifiée par Jésus. Il a mis de côté ses préférences personnelles pour se mettre au service d’autrui et il attendait la même chose de ses disciples, disant : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. »
Son enseignement allait beaucoup plus loin qu’une application partielle et superficielle du principe du prochain : « Vous avez appris qu'il a été dit : tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux. »
« Comment faire pour aimer ses ennemis ? Je crois que tout commence par là : pour aimer ses ennemis, il faut commencer par se trouver soi-même. »
Se réconcilier avec son individualité au point de servir autrui en se renonçant à soi-même est la clé du progrès social que nous aimerions tous vivre. C’est une étape majeure dans la voie vers un monde de coopération et de paix, libéré de la haine et de la division que nous voyons partout de nos jours. Traiter autrui avec un amour constant est la mesure d’un esprit conduit par l’Esprit.
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