Une première ébauche de perspective
Qu'est-ce qui nous empêche de voir les conséquences à long terme de nos actes ? Existe-t-il une manière de s'assurer que les choix faits aujourd'hui auront demain un effet positif ?
Traversons-nous l’histoire tels des somnambules ?
Lester R. Brown, président de l’Observatoire mondial installé à Washington, fait partie de ceux qui répondent par l’affirmative. En effet, il est convaincu que les exigences des hommes en matière de ressources sont en train de dépasser les capacités d’approvisionnement des systèmes naturels de la planète. Selon lui, nous savons ce qu’il faut faire et nous disposons des connaissances technologiques pour le réaliser ; néanmoins, il pose la question : en sommes-nous capables ?
Les défis auxquels l’humanité est confrontée sont énormes, sans nul doute. Certaines nations luttent pour éviter la faillite. D’autres doivent subir pénuries alimentaires, épidémies, pollutions effrénées, dirigeants inconséquents, instabilités gouvernementales, ou bien atermoiements ou échec de processus de paix. La liste est décourageante. Manifestement, il y a des raisons à tout cela et des solutions ; mais à moins que nous ne décidions d’ouvrir nos yeux et nos esprits, l’interrogation cruciale de L. Brown restera en suspens.
Bien souvent, le pourquoi de ces défis actuels tient à ce que certains n’ont pas pris la peine de mettre en perspective les conséquences de leurs actes.
Comme illustration parfaite bien que banale, il suffit de citer le cas dramatique d’un poisson trouvé non loin de la Nouvelle Zélande : vers la fin des années 1970, on a découvert l’hoplostète orange (perche de mer) dans les profondeurs d’un plateau sous-marin, à l’est de Wellington ; cet événement s’est produit alors que les ressources en poisson blanc d’Atlantique s’amenuisaient.
Au lieu d’élever cette nouvelle espèce afin d’en préserver l’approvisionnement, on a assisté à la domination de la cupidité, les efforts ayant visé à tirer profit de ce qui était devenu un poisson très recherché tant en Europe ou au Japon qu’en Amérique du Nord. En une décennie, les méthodes de pêche ont décimé la population d’hoplostètes orange alors que les études montrent aujourd’hui que cet animal des profondeurs a besoin de près de trente ans pour atteindre sa maturité sexuelle et se reproduire. Les scientifiques en sont à se demander si ce poisson ne s’en remettra jamais, alors que l’avidité humaine a déjà provoqué la quasi-destruction d’autres espèces.
Ce genre d’histoire abonde. Pendant des dizaines d’années, nous nous sommes peu intéressés aux pratiques agricoles pensées en fonction d’impératifs de rentabilité ; nous sommes maintenant confrontés à une diminution de la fertilité des sols dans bien des endroits. Nous abattons les arbres, alors qu’ils sont les poumons de la terre, uniquement pour jouir de gains matériels immédiats, puis nous nous désespérons des effets du réchauffement de la planète, des trous dans la couche d’ozone et de la disparition des forêts. Nous pillons les ressources naturelles, peu soucieux de la génération à venir ou des incidences de la pollution sur notre santé.
Nous mettons au point des armes de destruction massive que nous vendons à n’importe qui pour en tirer des profits financiers, puis nous nous insurgeons hypocritement contre l’absurdité des pertes en vies humaines auxquelles elles contribuent. Par ailleurs, combien d’entre nous ont réellement pensé à ce qui pourrait résulter des manipulations génétiques ?
Avancer comme des somnambules est tellement plus simple que réfléchir aux conséquences de nos actes.
Des visionnaires avisés
Certains peuvent avoir l’impression que les circonstances actuelles ne diffèrent pas vraiment du passé. Il est exact que l’histoire recèle d’épouvantables événements dépourvus de toute humanité ; toutefois, pouvons-nous nier que nombre de situations, telles que celles que nous venons de citer, auraient pu être évitées si leurs acteurs avaient fait preuve d’un peu de clairvoyance ?
Si nous avions eu une idée précise de l’aboutissement de nos décisions et de nos actions, aurions-nous agi avec cette extravagante désinvolture ? Sans doute pas. Ayant anticipé des effets néfastes, nous aurions pris le temps d’y réfléchir à deux fois, n’est-ce pas ? Les dirigeants poursuivraient-ils leur ligne de conduite s’ils savaient qu’elle les mène à leur perte ? Les capitaines d’industrie prendraient-ils sciemment des décisions qui menaceraient leur actionnariat ?
Une vision claire de l’avenir nous permettrait sûrement d’ajuster notre trajectoire en conséquence.
Saisir l’instant qui rapporte au plan personnel, sans tenir compte des résultats à long terme, a déjà causé de graves problèmes à l’humanité. Ce magazine est convaincu que le monde a besoin de personnes avisées. Que les questions soient nationales ou individuelles, une véritable clairvoyance nous élève au-dessus des intérêts immédiats, voyant en l’avenir un environnement vraiment durable à la fois d’un point de vue matériel et spirituel. Il nous faut des personnes perspicaces, capables de nous aider à éviter les pièges de l’avidité et des excès de l’homme. Nous avons besoin d’une direction et de stratégies solides à tous les niveaux de notre société, avec des gens faisant preuve de discernement et de prévoyance afin que les actes du présent n’aient pas d’effets néfastes dans le futur.
Malheureusement, on ne trouve dans la rétrospective de l’histoire humaine que bien peu d’individus ayant capté cette source de sagesse.
La nature de l’être humain
La clairvoyance est une qualité de l’intelligence. Toutefois, à moins que cette intelligence ne soit comprise et que ses aspects particuliers ne soient étudiés, il est difficile d’acquérir cette qualité que nous appelons clairvoyance. Heureusement, on est en mesure de comprendre l’intelligence et de connaître précisément les forces qui déterminent le comportement humain. Il revient donc à chacun d’entre nous de décider ce qu’il veut faire à cet égard : être une personne qui voit loin ou non. Le choix est individuel.
Être une personne qui voit loin ou non : ce choix nous revient.
Quelle est donc la nature particulière de l’intelligence humaine ?
N’avez-vous jamais songé à la force de l’intelligence grâce à laquelle nous avons été capables de faire naître des civilisations complexes — avec des gouvernements puissants, des découvertes scientifiques, une éducation poussée et des prodiges technologiques — alors que nous sommes incapables de trouver un moyen pour que les gens cohabitent en paix ? Est-il sensé que le monde soit envahi de tant de malheur, d’instabilité et de maux tandis que, dans le même temps, la force de l’intelligence nous permet des choses aussi remarquables que le clonage ?
Certains estiment que l’intelligence n’en est qu’à ses balbutiements et que, si nous pouvions nous débarrasser de notre « confiance puérile » en une superstition religieuse — qui selon eux ne favorise que l’ignorance —, la force de l’intelligence nous permettrait de résoudre les problèmes de l’existence grâce à la raison. D’autres partent du principe que nos soucis sont en fait le résultat d’un raisonnement humain dépourvu de l’apport de directives ou de références morales.
La clairvoyance n’est-elle que l’aboutissement du raisonnement humain ou peut-elle avoir une autre origine ?
Il manque une dimension à la connaissance humaine et l’absence de celle-ci limite l’aptitude au discernement, provoquant le type d’actes imprévoyants que nous venons de citer. Pour appréhender cette dimension manquante, il faut revenir à l’origine, car les êtres humains n’ont pas été créés avec leur nature présente. Un Dieu tout amour, toute miséricorde et toute puissance n’aurait pas pu créer — et n’a pas créé — une humanité avec un cœur empreint d’hostilité, d’envie, de cupidité et d’égoïsme.
La Bible révèle les grandes étapes de l’histoire de l’homme, notamment ses tout débuts. La semaine de la création décrite dans la Genèse était presque terminée quand Dieu a conçu les premiers êtres humains. Alors qu’il avait élaboré la faune et la flore en fonction de leur espèce, il a fait l’humanité à son image : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme. » (Genèse 1 : 27.) Comme Dieu observait les résultats de cette semaine, y compris le premier homme et la première femme, il a conclu que tout ce qu’il avait fait était « très bon » (verset 31).
Rien dans le récit écrit n’indique qu’Adam et Ève avaient été créés avec la nature malveillante, hostile et rebelle qui n’a pas tardé à se manifester. Il est tout aussi évident qu’ils n’ont pas non plus été imprégnés d’un esprit préconçu pour obéir à Dieu. Apparemment, ils ont été créés dans une sorte d’état neutre, sans inclination prononcée pour le bien ou le mal.
Disposant d'un intellect et d'un libre arbitre moral, ils [Adam et Ève] etaient censés utiliser leur intelligence pour prendre des décisions.
Pourtant, ayant été faits d’après Dieu, ils avaient été dotés d’une intelligence supérieure, pas uniquement d’un instinct. Ils pouvaient réfléchir, raisonner, savoir et comprendre d’une façon inaccessible aux animaux, comme le montre leurs premières relations avec Dieu. Ils disposaient d’un intellect et, en tant qu’organes moraux indépendants, ils étaient censés utiliser leur intelligence pour prendre des décisions, faire des choix et, ce faisant, répandre la pensée et la nature divines.
« Croquer ou ne pas croquer »
Le premier choix soumis à Adam et Ève s’est présenté sous la forme de deux arbres, chacun symbolisant un mode de vie. On a dit à ces premiers humains qu’ils pouvaient manger les fruits de l’un d’eux, mais pas de l’autre.
Le symbolisme de ces arbres est très intéressant par rapport à l’ordre de la vie humaine. En effet, ces arbres et la décision d’Adam et Ève quant aux fruits de chacun, nous permettent de comprendre qu’il existe deux dimensions spirituelles en interaction avec l’intelligence humaine.
Le premier arbre cité est l’arbre de vie. Ils pouvaient en manger et le dessein divin était effectivement qu’ils devaient manger les fruits de cet arbre, celui-ci représentant quelque chose qui n’était pas inhérent aux humains, quelque chose dont ils n’avaient pas été dotés à leur création : le Saint-Esprit de Dieu. Cet arbre représentait l’amour intérieur et la puissance de l’Esprit divin, lequel leur aurait transmis la nature divine de Dieu.
Le second arbre s’appelait l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Les premiers humains ne devaient pas se nourrir de celui-là. Ce sont ses fruits qui nous amènent à cette autre dimension spirituelle, et à un être déterminé à s’opposer au Dieu d’amour. Dans les Écritures, il est identifié sous le nom de Satan le diable, le grand dragon et le dieu de ce siècle (2 Corinthiens 4 : 4 ; Apocalypse 12 : 9). Nous pourrons aborder une autre fois l’histoire fascinante relatant comment cet ange puissant — être de la création — est devenu le dieu de ce siècle. Cependant, dans le récit de la Genèse, nous le voyons rencontrant le premier homme et la première femme sous la forme d’un serpent, dans le rôle du grand tentateur, convainquant la femme de « croquer » le fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Si tout le monde connaît la décision prise par Adam et Ève, il n’en est pas de même pour ses implications. En choisissant de manger le fruit de l’arbre défendu, ils se sont détournés de l’arbre de vie. Ce faisant, ils ont rejeté la possibilité de prendre part à la nature divine de Dieu grâce à la transmission de son Esprit ; or, celui-ci leur aurait communiqué une connaissance, une sagesse et une compréhension spirituelles.
En revanche, nos tout premiers ancêtres ont établi un lien avec les influences spirituelles du dieu de ce siècle, et nous ne pouvons douter de la nature de celles-ci… Genèse 3 raconte l’évolution qu’a connue la nature de l’intelligence humaine après le choix d’Adam et Ève. Ces derniers s’étaient accaparé la connaissance du bien et du mal, c’est-à-dire le droit de décider pour eux-mêmes ce qui était bien, ce qui était mal. On nous rapporte que leurs yeux s’étaient ouverts. L’esprit et le comportement de rébellion avaient pénétré leur pensée car, au fond, ils avaient préféré la nature de Satan à celle de Dieu.
Cet aspect de l’homme est ce que nous appelons la nature humaine, mais il n’est pas purement humain puisqu’il vient de Satan lui-même. Son influence spirituelle sème égocentrisme, cupidité, envie, orgueil, jalousie, ressentiment, rivalité, amertume et haine (Éphésiens 2 : 2-3). Bien sûr, cette nature s’exprime dans un large éventail de personnalités issues à la fois d’une hérédité et d’un contexte particuliers ; il y a des personnes « bonnes » et des personnes « mauvaises », mais par nature l’homme se consacre fondamentalement à la promotion de son propre intérêt. C’est cette conception égoïste qui encouragent des actes aux visées à court terme.
Comme exemple récent, citons les problèmes économiques qui se diffusent dans toute l’Asie, conséquence directe du « domino thaïlandais ». En effet, les spéculateurs internationaux, les fonds de placement et de capitaux à court-terme ont injecté de l’argent dans le petit marché boursier de la Thaïlande, créant une « bulle » (par une hausse des cours sans élever la valeur correspondante) ; ainsi, ils ont provoqué une rapide progression favorable à la spéculation, toujours plus d’argent se déversant dans le pays. Cependant, les fonds n’étaient pas investis dans des projets à long-terme et les investisseurs cherchaient avant tout à prélever les bénéfices, pas à encourager le développement. L’expansion de la Thaïlande tenait davantage d’une richesse fictive que d’un indicateur de capacité de production réelle : des profits à court-terme plutôt qu’une prise de responsabilité à long-terme.
Une nouvelle nature humaine
Il existe une façon de rompre ce cycle de cause à effet à base d’égoïsme. Il nous est possible de développer une prescience, une prévoyance, une sagesse, autrement dit une clairvoyance. La nature humaine peut changer. Le choix nous appartient pourtant, tout comme il appartenait à Adam et Ève, et il est difficile.
Or, nous disposons d’une source d’orientation morale, sur le plan environnemental, économique, gouvernemental, à la fois individuel et collectif. On nous a donné des principes solides pour nous guider dans notre quête d’une vie saine et durable.
Il y a quelques années, l’ancien rédacteur du magazine Look, George B. Leonard écrivait : « Nous avons déplacé assez de montagnes, dévié assez de rivières, rasé assez de forêts, accumulé suffisamment d’énergie brute. Il doit y avoir un destin plus vaste pour l’humanité. […] Je veux rêver de l’espèce de transformation personnelle et collective susceptible de mener à l’unification du monde, non par des conquêtes ou la politique, mais par l’apparition d’une nouvelle nature humaine » (The Transformation : A Guide to the Inevitable Changes in Humankind, 1972).
Les souhaits de G. Leonard seront comblés, mais pas de la manière qu’il a pu espérer. Un nouvel âge verra le jour et la nature humaine changera. L’humanité se tournera vers son « destin plus vaste ». Cependant, cette mutation ne sera pas le fruit de l’évolution sociale de l’homme ; elle se produira parce qu’un Être transcendant la provoquera. Ce Dieu, à l’image duquel les hommes ont été créés, s’occupera de transformer notre nature propre. L’humanité sera à nouveau invitée à manger de l’arbre de vie et à partager la nature divine au travers de son Esprit Saint.
Un nouvel âge verra le jour et la nature humaine changera. […] Cependant, cette mutation ne sera pas le fruit de l’évolution sociale de l’homme.
Regardant l’avenir, le prophète Ézéchiel a été inspiré pour annoncer ce principe : « Je leur donnerai un même cœur, et mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de leur corps le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair, afin qu’ils suivent mes ordonnances, et qu’ils observent et pratiquent mes lois ; et ils seront mon peuple, et je serai leur Dieu. » (Ézéchiel 11 : 19-20.)
La dimension manquante, le Saint-Esprit, sera facilement accessible. En fait, elle est déjà accessible à certains aujourd’hui. Pierre a dit que les chrétiens deviendraient « participants de la nature divine » (2 Pierre 1 : 4). L’esprit — l’esprit de Christ — est généré chez les chrétiens par la pénétration du Saint-Esprit. L’apôtre Jean a écrit : « nous connaissons qu’il demeure en nous par l’Esprit qu’il nous a donné » (1 Jean 3 : 24).
L’une des qualités étonnantes de l’Esprit divin est qu’il donne à l’intelligence humaine l’aptitude de voir et de comprendre l’avenir. En fait, une grande partie de l’œuvre de Christ sur terre était lié à la révélation d’événements à venir dans le monde. Christ est venu avec un message : la bonne nouvelle du royaume futur de Dieu. Pour ceux à qui Dieu n’a pas fait don d’une sagesse spirituelle, cette connaissance du royaume demeure un mystère. En revanche, pour ceux qui choisissent de vivre le mode d’existence de Dieu, ce mystère est dévoilé et la vérité sur le royaume est révélée (Marc 4 : 11). La Bible parle également d’événements qui vont se dérouler avant l’instauration de ce royaume sur terre, et l’Esprit Saint de Dieu en montre l’importance dans nos vies.
Outre la connaissance d’événements à venir, la Bible transmet des informations, une sagesse, ainsi qu’une compréhension de la nature humaine et de la manière dont celle-ci peut être contrainte et améliorée.
Avançons-nous tels des somnambules ? Comprendre et appliquer ces principes conduiront à cette qualité tant recherchée qu’est la clairvoyance. Elle fera de nous des visionnaires et notre monde en a grand besoin.